« Super Mario Bros. Wonder », un prodigieux renouveau


Les ennemis ne s’y trompent pas : sous sa forme de pachyderme, Mario devient une menace.

Il est dans l’habitude de Super Mario Bros. de tutoyer l’excellence. Cependant, si, du côté de la 3D, c’est un quasi-sans-faute, difficile d’en dire autant pour les épisodes en deux dimensions. En recyclant de façon intelligente son héritage rétro, le New Super Mario Bros. de 2006 sur DS parvient à opérer une révolution attendue, mais enclenche également une ère paresseuse.

Après trois suites directes pas toujours inspirées, la licence est essorée. Si Super Mario Maker (Wii U, 2015) et son deuxième épisode (Switch, 2019), en mettant la conception des niveaux entre les mains des joueurs eux-mêmes, représentaient un bon moyen de temporiser, le diagnostic demeure partagé par une majorité d’adeptes : Mario ne pouvait plus couper à sa propre mue.

En cela, Super Mario Bros. Wonder (prévu sur Switch vendredi 20 octobre) relève du salutaire, sortant enfin la saga d’une apathie longue de dix-sept ans.

Mario annonce la couleur

Le plombier, mais également la princesse Peach ou encore Toadette (pour ne citer que trois des douze personnages jouables) partent à la poursuite de l’infâme Bowser, qui a dérobé une « fleur prodige », capable de modeler la réalité à la guise de celui qui la détient. Le prétexte est plus que suffisant pour se lancer à la conquête des quelques dizaines de tableaux que propose le titre.

Dès les premiers instants, on ne peut que constater le vent de fraîcheur qui vient nous ébouriffer sur le plan visuel. Les décors, vivants, à deux doigts de la pâte à modeler, fourmillent de détails et de nuances. L’aventure parvient à maintenir l’attrait pour les rétines en proposant des combinaisons de couleurs originales, conséquence d’un choix de lieux insolites pour la série, comme une mine de champignons géants pleine de mucus ou un volcan dans lequel le magma cohabite avec une flore ambrée.

L’animation n’est pas en reste : Mario, ses compagnons mais également leurs ennemis n’ont jamais semblé si expressifs. Chacun a le droit à ses mimiques adorables, au point même qu’on en a parfois des scrupules à sauter sur un pauvre Goomba dont le seul tort était de faire la sieste. L’univers habituellement si balisé et rigide du plombier s’offre une petite folie graphique qui évoque d’autres franchises de plates-formes plus récentes, comme Ori ou Rayman. Un supplément d’âme.

Les séquences déclenchées par les « fleurs prodiges » représentent souvent un mélange d’émerveillement et de panique.

L’éléphant dans les pièces

Le jeu propose trois pouvoirs inédits offrant de nouvelles perspectives de mouvement. Avec la première, Mario peut non seulement lancer des bulles pour éliminer ses ennemis, mais il peut aussi rebondir dessus pour atteindre des hauteurs normalement inaccessibles. La foreuse, quant à elle, autorise le déplacement sous terre ou dans les plafonds. La transformation la plus impressionnante reste sans conteste l’éléphant, dont les coups de trompe rédempteurs imposent le respect dans les rangs adverses.

Un arsenal de badges à équiper avant un niveau (que les plus téméraires peuvent choisir d’ignorer) confère également tout un tas d’avantages, comme la possibilité de planer avec sa casquette, de grimper aux murs ou de survivre à une chute dans la lave. Ajoutez à cela quelques personnages insensibles aux dégâts ainsi que des fonctionnalités en ligne qui permettent de se faire secourir par d’autres joueurs, et on comprend que le titre propose sans le dire, et sans en imposer l’usage aux vétérans du jeu de plate-forme, de nombreux outils susceptibles de faciliter la vie aux nouveaux venus.

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Néanmoins, tout cela n’est rien devant la folie des « fleurs prodiges ». Il y en a une cachée dans chaque tableau et elle bouleverse les règles durant quelques délicieux instants. Mario peut se changer en ballon de baudruche ou en boule à pics. Il peut se retrouver poursuivi par un ennemi qui prend la taille de tout l’écran. Les tuyaux peuvent prendre vie et se déplacer comme des lombrics. Toute la scène peut se transformer en théâtre d’ombres dans lequel on ne distingue que des silhouettes. Mais le meilleur demeure certainement dans ces niveaux qui, d’un seul coup, s’improvisent en comédie musicale. Les ennemis se mettent alors à pousser la chansonnette et on est invité à sauter en rythme.

« Super Mario Bros. Wonder » est intégralement jouable en coopération jusqu’à quatre joueurs. Il est désormais impossible de se marcher sur les pieds, ce qui rend l’expérience particulièrement agréable.

Fa Si La Sauter

Les jeux Mario nous ont toujours habitués à proposer une bonne idée propre à chaque niveau, mais ici, chaque concept finit par être consumé à mi-chemin par un énorme pétage de plombs créatif pour le plus grand bonheur du joueur, qui ne peut que se demander à quelle sauce il va être mangé.

On en vient à se questionner : où Nintendo va-t-il chercher toutes ces idées ? La réponse se trouve contre toute attente dans les dix-sept années évoquées plus haut. Les niveaux musicaux ? Les Montpelliérains d’Ubisoft en ont fait la marque de fabrique de leur Rayman Legends. Les passages en ombres chinoises ? C’est un des gimmicks des Texans de Retro Studios, qui ont permis à Donkey Kong de retrouver le chemin des sommets. Quant aux effets de certains badges, ils rappellent certaines mécaniques de déplacement employées dans les jeux de la Canadienne Maddy Thorson, à qui l’on doit l’incroyable Celeste.

En réalité, il est peut-être là, le plus grand prodige de ce Super Mario Bros. Wonder. Après des années à avoir imposé ses codes, Nintendo se montre désormais capable de descendre de sa tour d’ivoire et de puiser dans l’héritage commun de la plate-forme. Le résultat se dévoile sous nos yeux : une des célébrations les plus jouissives d’un genre historique.

Les bulles permettent à Mario et ses amis de vaincre des ennemis à distance, mais peuvent également servir de plates-formes rebondissantes à usage unique.

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • la bourrasque de fraîcheur qui souffle sur l’univers Mario ;
  • la maniabilité impériale, mais Mario n’a jamais été pris à défaut sur ce point ;
  • le mode facile déguisé, qui se révèle parfaitement efficace sans blesser les ego de ceux qui décideraient d’en profiter.

On a moins aimé :

  • une difficulté qui aurait mérité d’être un peu plus relevée, au moins sur la fin de l’aventure ;
  • quelques niveaux supplémentaires n’auraient pas été de trop.

C’est plutôt pour vous, si :

  • vous appréciez un bon tuyau de temps en temps.

Ce n’est plutôt pas pour vous, si :

  • vous êtes une souris (vous allez faire peur aux éléphants).

La note de Pixels :

9-Up (sur 10-Up)



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Catégorie article Politique

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